Je reprends ici un cas décrit par Jeanne Siaud-Facchin (Tout est là , juste là . Editions Odile Jacob) pour amorcer un travail sur "le vide intérieur". Ce "vide intérieur", on le retrouve chez des adolescents mais aussi de jeunes et moins jeunes adultes. Il se manifeste au travers diverses pathologies, allant de l'anorexie à des troubles de la personnalité ou simplement au travers un fonctionnement limite. Il est à l'origine d'un mal-être sourd, voire d'une souffrance plus importante. Sujet récurrent en thérapie.
"Lucie est la fierté de ses parents. Vive, intelligente, brillante, toujours bien élevée, à l'aise avec les adultes et entourée d'amis, chouchoute de ses enseignants, tout semble parfait. Pourtant, Lucie ne dort pas. Le soir est une épreuve. L'endormissement est une source de terreurs qui laissent les parents et l'enfant totalement désemparés. En consultation, une fois seule avec Lucie, elle raconte. Des personnages imaginaires, très grands, très forts, très démesurés, très exigeants viennent l'avertir que la nuit va être difficile et qu'elle "n'y arrivera jamais". A 10 ans, Lucie comprend vite que ce sont ses peurs qui se projettent ainsi comme des ombres réelles sur les murs de sa chambre. Que ce n'est pas la réalité. Elle le sait, dans sa tête, mais tremble, dans son corps. Je l'invite, dans mon bureau, à réactiver physiquement sa peur, à renouer intimement avec elle, là , avec moi. Elle est en sécurité. Elle le sent. Nous fermons les yeux toutes les deux pour mieux voyager dans ses sensations. Nous respirons ensemble dans cette peur qui fait mal, qui brûle, dans le chaud du ventre. Petit à petit, Lucie "respire", elle se sent moins oppressée, la tension interne lâche son emprise. C'était celle-là , sa peur: une peut venue de ses croyances, celle de son obligation d'être la petite fille idéale. Celle qui satisfait totalement ses parents. Celle qui, pensait-elle, doit être parfaite pour être aimée."
Lucie a travaillé avec la psychologue.
"Elle a appris à s'accepter profondément, telle qu'elle est. Sans surjouer un personnage. Aux yeux du monde, cela est passé presque inaperçu. Lucie est restée cette enfant douée et appréciée. Les parents sont soulagés que ses peurs se soient envolées. Mais Lucie, elle, ressent cette différence incroyable entre l'avant et l'après. Aujourd'hui, elle n'est plus en force pour faire: faire plaisir, faire parfaitement, faire ce que les autres attendent d'elle. Maintenant, elle se sent "être". Avec elle-même. Ses forces de vie, emprisonnées, sont libérées et vivantes. Elles l'inondent à chaque instant de vie. Quel bonheur pour elle!"
La morale de l'histoire ? S'accepter tel que l'on est pour une confiance en soi stable et sereine.
Actuellement aux ateliers Saint Louis, un programme pour travailler la force en soi : le programme CARE.
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